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PROPOS RECUEILLIS PAR Chrysta CHEVRIER le 19 décembre 2013, à ClermontPAROLE_DANCIENS_2_files/Paroles%20d%27anciens-Rolande%20Huin-janvier%202011.pages

JOJO BRÉHAMEL

JANVIER 2014

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à Cédric, Mon cher petit-fils,


Je suis né à Verneuil sur Oise, le 15 août 1921.

Eh oui, ce n’était encore qu’un petit village de 1300 habitants.

Je suis le dernier né de la fratrie de 3.

Mes parents Marie Domard et Jules Armand Bréhamel sont nés dans les années 80, à la fin du XIX° siècle et nous voilà au début du XXI° siècle qui te voit grandir.

Mon frère Fernand, né le 15 avril 1905, a presque une quinzaine d’années de plus que moi, il est le père de Denise, Marie-Laure, Mireille qui a épousé Jeannot Auriault.

Ma sœur Fernande, épouse Douarinou est née le 9 décembre 1918. 

Mon prénom est Georges mais du plus loin dont je me souvienne, on m’a appelé Jojo.

A Verneuil, nous sommes 3 Jojo : Bréhamel,  Nicolas,  Bourgeois.

La famille Bréhamel est une ancienne famille de Verneuil, on en trouve des traces depuis le XVII° siècle. Bréhamel  signifie petit hamel donc petit hameau.

Jean-Pierre dit que des cousins viennent de Bretagne (l’île de Bréhat ne serait-elle pas de la même origine ?)

Je vais à l’école à Verneuil place de la mairie.

Sous le porche, il y a  deux classes, plus une classe dans la cour, soit 3 classes en tout.

Les filles vont rue Pasteur, ce qui deviendra chez Bervas, le menuisier.


L’école, j’aime pas ça ! Les devoirs, les leçons je les fais le soir.

J’écris bien et je fais la copie à la mairie.

A la récréation je me sauve, j’ai peur des maîtres d’école M.Foratier et M.Thieblot.

Dans la même classe, M. Foratier  fait le calcul,Mme Foratier l’histoire de France.


Au certificat d’études, M.Durand ne veut pas me présenter à cause de l’orthographe.

J’y suis allé en candidature libre et j’ai été reçu.

M.Durand habite la maison près de la Ruche.


Dans la cour, … on court, on se chamaille.

On porte une blouse grise et des galoches avec semelle en bois,  ça ne plie pas!

Le jeudi, on n’a pas d’école ni le dimanche.

On joue au foot sur la place, avec mon copain Verplanke, des fois, par maladresse, on casse un carreau, alors on se sauve sans demander notre reste.

Sur la place, l’ancienne école sous la révolution était habitée par M. Mochet avant M. et Mme Boudoux.

En 1933, la nouvelle école est inaugurée par le maire Albert Lescadieu.


A ton âge, j’ai quitté l’école, on passe le certificat d’études à 14 ans et on entre dans le monde du travail.

Je suis resté 5 ans charretier à la ferme de Victor, la grande ferme du centre. dès 14 ans.

J’ai appris chez mon frère Fernand dit Tiot canon, qui a une ferme rue des granges, une  petite ferme avec deux chevaux,(Rue Victor Hugo).

Chez Victor, Il y a 10 chevaux plus le mulet, que, nous, les deux charretiers, Jojo et Valentin, nous nous partageons.


Lolo le mulet avec Victor et Marcel dans la carriole.


Sur les pavés, les tombereaux font un bruit de tonnerre avec leurs deux roues ferrées.

C’est le charron Gaston Nicolas qui fabrique les moyeux et la jante. Ensuite, il lance la roue à travers la route vers le forgeron et  maréchal-ferrant, M. Cormy qui cercle la roue de fer, à chaud.

Un jour, j’ai été assommé par un cercle de la roue arrière d’un tracteur, qui s’est décroché


un tombereau pour transporter le fumier, les fanes de pommes de terre …Un jour je monte sur le tas de fanes et le tombereau se renverse, et une deuxième fois pareil !!! «tu le fais exprès» dit Tatave !!!


Je  chante toujours, je suis heureux dans la plaine avec les perdrix, les lapins, les lièvres. Je me sens comme un roi. Les chevaux sont habitués et ils s’arrêtent quand je cesse de chanter.


Je travaille avec Octave. Voici une photo de la dernière charrette de paille à la fin de la moisson, avec le bouquet  et les chevaux décorés.
Tous les ouvriers de la moisson sont ensuite invités à un grand repas.

De gauche à droite : jeune Belge en vacances, M. Lhomme de Mont-la-Ville, à gauche de l’échelle, M.Delenclos, à droite de l’échelle, M. Zaffiroff Jules de Montataire, en salopette, Mr Tatave, à côté, Mr Narcisse Dupont  (grand-père de Mr Marcel Dupont habitant rue Jean-Jaurès et frère de la grand-mère maternelle épouse Candelot de Mr Lecoq Albert)

De gauche à droite : Mr Dormart du Tremblay (chef de la musique), Mr Narcisse Dupont, Mr Tatave, Jojo, Gabrielle et Marceau Hannesse assis au sol, Mr Zafiroff Jules ?, ensuite ?, Mr Delenclos devant, derrière ?, et avec les 2 cannes, Mr Hiller.

http://www.youtube.com/watch?v=uYaXKb2mEeQ


Un soir, après avoir été traire à la pâture, le mulet est resté attelé toute la nuit, oublié, il s’est avancé à côté du foin, sous le hangar, avec sa remorque.

Quand il a été vieux, il ne pouvait plus se lever, et le lendemain, on l’a retrouvé mort sur le tas de fumier.

Un soir, un chien marron, le long de l’église est passé sous ma roue.


Je me souviens de 2 vaches qui se sont battues, la corne de l’une a sauté en l’air.

La chef dirige les autres vaches qui se déplacent sur une même ligne, toujours dans le même ordre.

Le vacher ou les filles de la maison vont traire à la pâture près du lavoir, le long du ru, route de Pont.

Les vaches font leurs veaux dans la nature en été.

Les chevaux castrés ou entiers ruent et certains ont un  fichu caractère.

Les autres charretiers sont Valentin puis Tadek, un polonais gueulard au grand cœur.

Les attelages comprennent 2 ou 3 ,4 chevaux en ligne ou par deux. Ils ont parfois des œillères pour ne pas se disputer et pour ne pas être effrayés par les mouvements autour d’eux.

Un jour, la foudre est tombée aux Tronces sur un gros rouleau en fer resté dans le champ.

Les 5 chevaux sont partis au galop, j’ai eu la peur de ma vie et je suis rentré à pied sous la pluie.


Quand un cheval se sauve de la ferme au grand galop, on sait que Kellens téléphonera  pour qu’on vienne chercher le cheval au bout de Mont la Ville.

Les chevaux avaient des noms :Boulot, Gentil, Marquis, Bibi, Bayard, Sansonnet…


Un jour, du blé a été volé ! J’ai été interrogé toute une matinée par les gendarmes, alors que j’ignorais tout de l’affaire !!!

Au retour des champs, les chevaux buvaient dans un grand abreuvoir, l’un a mis sa patte avant dedans !

les chevaux ne sont pas faciles, ils voient si on a peur : l’un  avait sa raclée avant de travailler, un autre mordait : je lui avais mis une muselière et voilà Tatave qui la retire, il s’est fait mordre !


Le travail est dur l’hiver !

On apporte le blé à Nogent et on ramène 10 sacs de farine. 

Un jour de gel, la remorque a glissé dans un virage au Tremblay et est tombée dans le fossé.


La ferme Victor fait beaucoup de betteraves qu’il faut charrier et livrer chez Frédéric à Ham, à Verberie.

Adrien Caillot commençait à charrier du matin jusqu’au soir !

Les terres sont de bonne qualité, en Plaine Basse,

le long de l’Oise, (actuellement étangs des gravières) c’est une bonne terre lourde.


Les autres champs sont

aux Tronces, sur le plateau au bout de Mont-la-Ville,

à l’ Argilière, vers Fleurines,

au terrain d’aviation, sur le plateau ouest de Verneuil.





sur la photo de la faucheuse : Corneille et assis à l’arrière Adrien C.

Les charretiers vont au champ en montant les 2 jambes du même côté.

Les chevaux tirent la herse.

La batteuse près du hangar du haut.


René Verfaillie,

Pierre Hamelin,

Tatave Van Houtteghem, Germaine Van Houtteghem en haut sur le tas de paille.

Les bottes sont mises en meules, le long du chemin vers la rue de l’Égalité.





Marceau Hannesse, sur la remorque


René Verfaillie, sur la meule.

Les grosses fermes Rémi Vanlerberghe, Pinson, Gaillart, Victor Vanhoutteghem, Debruyne, Kellens, Duru, et de nombreuses petites fermes comme celle de Fernand Bréhamel avec 2 chevaux et 3 ou 4 vaches.

Pinson a un attelage de 6 boeufs,  un tracteur, il cultive beaucoup le long de l’oise, en Plaine Basse.

Il y a une forge dans la ferme de Victor et les chevaux sont ferrés sur place.




Rémi parle le flamand avec Frans Van de Weghe. Il se déplace en deux chevaux, et roule en seconde au milieu de la route, derrière personne ne peut doubler. Son commis doit parfois venir le chercher au marronnier !

Les cafés sont nombreux : à Vaux café des sapins, Mme Gravey au centre, Frédéric avant Creil  ( véto), Les Acacias, au bac Réginault, Mahias à Mont la Ville.

Il tient aussi une épicerie.Chaque quartier a son épicerie :

la Ruche, la Coop, l’épicerie rue Pasteur chez Havy, les Comptoirs Français…

La boucherie, a eu de nombreux tenanciers : Gottrand, Herbert, Guibert avec Marceau Hannesse, Auriault père puis Jeannot qui a fait plus de 50 ans de boucherie.

Le lundi je pars à 6 h à Montagny ste Félicité avec  Auriault acheter les bœufs, les moutons, que nous mènerons à l’abattoir à Pont le long de l’oise.





Bien que j’adore mon métier de charretier, le problème, c’est que je ne suis pas bien payé en culture, pas assez pour fonder une famille. Je quitte la ferme et Eugénie me dit «si tu ne te plais pas, tu reviens» !

Mon père a fait la culture avant mon frère, puis il est allé à Kuhlmann, son travail consistait à  ramasser les poubelles sur la cité avec un cheval.














A cette époque, on rencontre beaucoup d’hommes saouls dans les rues.

Un jour, un ouvrier est rentré à pied en tenant son vélo, avec ses chaussures à l’envers. Il se plaignait «j’ai mal aux pieds» mais n’a rien changé et est allé à Mont la Ville comme ça ; il  aurait pu s’asseoir sous le porche de l’église et remettre ses chaussures, mais non !

Un autre a tué son gendre qui cherchait la bagarre avec tout le monde.




Quant à moi, vers 35 ans, je suis un garçon soigné, coquet, mes cheveux châtains soigneusement peignés. Je me suis marié en 1942, ma première femme Henriette, Solange FAUQUET (dite "yeyette") me quittera et j’épouserai le 02 janvier 1960 Geneviève, Marie DUBOIS, celle qui va être la mère de mon fils Jean-Pierre. 


La fête à Verneuil a lieu en mai une fois au bac, au marronnier, à la Rue des Bois.

On s’y rend à pied ou en vélo.





Pendant la guerre, les allemands réquisitionnent les chevaux, les fusils…

Je n’ai pas eu une égratignure pendant les bombardements, beaucoup de maisons ont été détruites à l’arrivée des américains.

Maintenant, je me déplace avec «ma bineuse», mon déambulateur car je n’ai pas d’équilibre.

Je suis entouré d’objets et d’images relatifs aux chevaux : par exemple une gravure d’un maréchal -ferrant.

Jean-Pierre prend le relais car il rêve de se balader avec un bourriquot et sa carriole !

Jojo et Jean-Pierre, le père et le fils, aiment bavarder et rire ensemble.

Je suis allé travailler à l’usine Kuhlmann au service colorants, j’y suis resté 34 ans dans le même atelier.

Quand on passe la passerelle, on sent les odeurs des fumerolles des ateliers de colorants, c’est fort et difficile à supporter pour certains.